Il y a des histoires qui sont incroyables mais qui pourtant sont bien réelles. Henry Nuttile est un jeune Marseillais de 23 ans. Etudiant en dernière année à Reims, au sein du groupe Neoma Business School, une des plus prestigieuses écoles de commerce françaises, bien élevé, bon élève, ses professeurs le qualifient par ailleurs de garçon sans histoire. Mais il a un défaut, un gros défaut, qui ne lui permet pas d’intégrer durablement un groupe d’amis : il est fan de football, mais il n’est supporter d’aucune équipe, une chose inconcevable pour les gens qu’il fréquente.

Il est supporter du PSG, de l’OM, de Bordeaux ou de Toulouse selon les soirs

Nous l’avons rencontré au lendemain du Clasico PSG-OM du dimanche 9 novembre dernier. Son analyse lucide du match fait froid dans le dos :

« A partir du moment où Marseille n’est pas arrivé à concrétiser ses premières actions, il était clair que le PSG, avec sa puissance de feu, allait l’emporter. L’OM est sorti vainqueur du premier quart d’heure, le PSG de la deuxième période : entre les deux, c’était équilibré, mais dans ces cas-là, c’est la seconde équipe qui l’emporte. C’était un beau match dans tous les cas, du beau football, avec deux belles équipes. »

Selon Bernard Deuru, l’un des plus éminents psychologues et philosophes français, ce comportement est difficile à comprendre :

« Dans notre société actuelle, un jeune homme se doit de suivre le football. C’est le cas de Henry, un garçon très bien à première vue. Mais à partir du moment où on est fan de football, on se doit de préférer une équipe, d’être supporter d’un club. Celui de la ville dans laquelle on a grand par exemple, ou celui qui nous a fait connaître nos premiers émois sportifs. Henry Nuttile n’est pas dans ce cas, et c’est pourquoi il est rejeté par ses pairs, une chose très compréhensible au regard de son comportement à la limite du foutage de gueule. »

« Aimer le foot sans être supporter d’une équipe ? C’est une tare, c’est ridicule »

De son côté, Henry Nuttile se dit « normal » et vivant une existence « sans heurt ». Selon Bernard Deuru, c’est un camouflet pour cacher son mal-être :

« C’est une véritable tare que d’aimer le foot sans être supporter d’une équipe en particulier. Pour lui avoir parlé quelques instants, il est clairement victime d’une forme de dépression rare que la science actuelle ne peut étudier car unique. On ne peut aimer le foot sans supporter une ville, une équipe, un pays, un type de jeu, c’est inconcevable, c’est d’un ridicule absolu ! »